Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/14

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cis que d’être lu ! Les soucis de ce temps-là, du reste, il s’en moque très bien aujourd’hui, car voilà la vie. N’est-elle pas toute dans cet échange, qui recommence toujours, d’un souci contre une moquerie ?… L’auteur du Dandysme et de Georges Brummell n’était pas un Dandy (et la lecture de ce livre montrera suffisamment pourquoi), mais il était à cette époque de la jeunesse qui faisait dire à lord Byron, avec sa mélancolique ironie : « Quand j’étais un beau aux cheveux bouclés… ; » et, à ce moment-là, la gloire elle-même ne pèserait pas une de ces boucles ! Il écrivit donc sans prétention d’auteur, ― il en avait d’autres, soyez tranquille ! le diable n’y perdait rien, ― ce tout petit livre, uniquement pour se faire plaisir à lui-même et aux trente personnes, ces amis inconnus, dont on n’est pas très sûr, et qu’on ne peut guère, sans fatuité, se vanter d’avoir à Paris. Comme il n’en manquait pas (de fatuité), il crut les avoir, et de fait il les eut. Qu’on lui permette de le dire, car il est devenu modeste, il eut sa trentaine de lecteurs pour sa trentaine d’exemplaires. Ce ne fut pas le Combat, mais la sympathie des Trente !

Si le livre en question avait été sur quelque grande chose ou sur quelque grand homme, pas de doute qu’il n’eût sombré net, avec ses