Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/15

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quelques exemplaires, dans ce silence de l’inattention, qui est dû et toujours payé à ce qui est grand par ce qui est petit, mais il était sur un homme frivole et qui avait passé pour le type le plus accompli de la frivolité élégante, dans une société difficile. Or tout le monde, dans le monde, se croit ou veut être élégant… Ceux mêmes qui y ont renoncé veulent au moins s’y connaître, et voilà pourquoi il fut lu. Des sots, que je ne nommerai pas, se vantèrent de l’avoir compris. Moi, j’affirme à mon éditeur qu’ils l’achèteront. Fatuité de partout ! La fatuité, qui a fait le premier succès, fera le second à cette chosette sur la première page de laquelle on a été tenté d’écrire cette impertinence : « D’un fat, par un fat, à des fats ; » car tout fait glace aux fats, et ceci est un miroir pour eux. Beaucoup viendront se regarder là-dedans et y peigner leur moustache, les uns pour s’y reconnaître, et les autres pour s’y faire… Brummells !

Il est vrai que ce sera inutile. On ne se fait pas Brummell. On l’est ou on ne l’est pas. Souverain futile d’un monde futile, Brummell a son droit divin et sa raison d’être comme les autres rois. Seulement, puisqu’on a fait croire dans ces derniers temps à ces badauds de peuples qu’ils étaient souverains, pourquoi les popu-