Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/52

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Berkshire. Il habita près de Domington-Castle, lieu célèbre pour avoir été la résidence de Chaucer, et là il vécut avec cette hospitalité opulente dont les Anglais, seuls dans le monde, ont le sentiment et la puissance. Il avait conservé de grandes relations. Entre autres célébrités contemporaines, il recevait beaucoup Fox et Sheridan. Une des premières impressions du futur Dandy fut donc de sentir le souffle de ces hommes forts et charmants sur sa tête. Ils furent comme les Fées qui le douèrent ; mais ils ne lui donnèrent que la moitié de leurs forces, les plus éphémères de leurs facultés. Nul doute qu’en voyant, qu’en entendant ces esprits, la gloire de la pensée humaine, qui menaient la causerie comme le discours politique, et dont la plaisanterie valait l’éloquence, le jeune Brummell n’ait développé les facultés qui étaient en lui et qui l’ont rendu plus tard (pour se servir du mot employé par les Anglais) un des premiers conversationistes de l’Angleterre. Quand son père mourut, il avait seize ans (1794). On l’avait, en 1790, envoyé à Eton, et déjà il s’était distingué, ― en dehors du cercle des études, ― par ce qui le caractérisa si éminemment plus tard. Le soin de sa mise et la langueur froide de ses manières lui firent donner par ses condisciples un nom fort en