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Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/53

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vogue alors, car le nom de Dandy n’était pas encore à la mode, et les despotes de l’élégance s’appelaient Bucks ou Macaronies. On le surnomma Buck Brummell[1]. Nul, du témoignage de ses contemporains, n’exerça plus d’influence que lui sur ses compagnons à Eton, excepté peut-être Georges Canning ; mais l’influence de Canning était la conséquence de son ardeur de tête et de cœur, tandis que celle de Brummell venait de facultés moins enivrantes. Il justifiait le mot de Machiavel : « Le monde appartient aux esprits froids. » D’Eton il alla à Oxford où il eut le genre de succès auquel il était destiné. Il y plut par les côtés les plus extérieurs de l’esprit : sa supériorité, à lui, ne se marquant pas dans les laborieuses recherches de la pensée, mais dans les relations de la vie. En sortant d’Oxford, trois mois après la mort de son père, il entra comme cornette dans le 10e de hussards, commandé par le prince de Galles.

On s’est beaucoup efforcé pour expliquer le goût si vif que Brummell inspira soudainement à ce prince. On a raconté des anecdotes qui ne méritent pas qu’on les cite. Qu’a-t-on besoin de

  1. Buck signifie mâle, en anglais ; mais ce n’est pas le mot qui est intraduisible, c’est le sens.