Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/55

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Ainsi, l’inconstante faveur que lord Barrymore, G. Hanger, et tant d’autres effeuillèrent à leur tour, tomba sur la tête de Brummell avec tout l’imprévu du caprice et la furie de l’engouement. Sa présentation eut lieu sur la fameuse terrasse de Windsor, en présence de la fashion la plus exigeante. Il y déploya tout ce que le prince de Galles devait estimer le plus parmi les choses humaines : une grande jeunesse relevée par l’aplomb d’un homme qui aurait su la vie et qui pouvait la dominer, le plus fin et hardi mélange d’impertinence et de respect, enfin le génie de la mise, protégé par une repartie toujours spirituelle. Certes, il y avait, dans l’enlèvement d’un tel succès, autre chose que de l’extravagance des deux côtés. Le mot extravagance est employé par les moralistes déroutés comme le mot nerfs par les médecins. À dater de ce moment, il se trouva classé très haut dans l’opinion. On le vit de préférence aux plus nobles noms de l’Angleterre, lui, le fils d’un simple esquire, du secrétaire privé dont le grand-père avait été marchand, remplir les fonctions de chevalier d’honneur de l’héritier présomptif, lors de son mariage avec Caroline de Brunswick. Tant de distinction groupa immédiatement autour de lui, sur le pied de la familiarité la plus flat-