Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/91

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était doué des qualités dangereuses qui relèvent, par la pose, jusqu’à la bassesse[1], et qu’il en abusa parfois. Ainsi, par exemple, on se souvenait de l’avoir vu accepter, dans ses gênes dernières, une somme assez considérable de quelqu’un qui voulait compter parmi les Dandys, en se réclamant de l’homme qu’ils reconnaissaient pour leur maître. Depuis, l’argent ayant été redemandé au milieu d’un cercle nombreux, Brummell avait tranquillement répondu à l’importun créancier qu’il avait été payé. « Payé ! quand ? » avait dit le prêteur surpris ; et Brummell avait répondu avec son ineffable manière : « Mais quand je me tenais à la fenêtre de White, et que je vous ai dit, à vous qui passiez : Jemmy, comment

  1. Ces qualités ont toujours entraîné ceux qui les eurent. Voyez, par exemple, Henri IV, le duc d’Orléans (le Régent), Mirabeau, etc., etc. Henri IV ne les avait qu’un peu, il est vrai ; mais le Régent les avait beaucoup, et Mirabeau énormément. Mirabeau mettait autant de fierté à secouer la fange, que le duc d’Orléans de gaîté et de grâce à en affronter les souillures. N’a-t-on pas vu celui-ci spiritualiser des coups de pied au derrière ?… et de quel pied ?… du pied de bouc de Dubois. Plus coupables en cela, ces profanateurs de facultés adorables, que Brummell ; car ils n’avaient pas comme lui, en face d’eux, une société puritaine ; ce qui explique tous les excès et justifie de bien des torts.