Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/136

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il débuta par s’élancer sur elle et par l’embrasser, paf ! paf ! paf ! sur les joues, à la manière normande, par trois fois !

— Et bonjour, ma cousine ! — lui dit-il à cette femme étonnée, figée d’étonnement et qui se laissa faire de stupéfaction ! — Comment vous portez-vous, ma chère et honorable cousine ?… Vous ne me remettez donc pas ?… Je suis votre cousin Trépied de Carquebu, qui n’a pas voulu venir à votre foire d’Avranches, sans vous souhaiter bien des prospérités et vous embrasser !

Il avait dit Trépied, cet improvisateur au pied levé, parce qu’elle avait un trépied devant elle, sur lequel elle récurait, avec une poignée de paille, un chaudron !

En fait de trépied, je ne connais que cha, fit-elle avec colère en lui montrant celui de son chaudron, — et vous mériteriez bien que je vous l’envoyasse par la figure pour vous punir de vos insolentes josteries, méchant attrapeur !

Mais Vinel-Aunis n’était pas homme à avoir peur d’un trépied manœuvré par la main d’une vieille femme, et il prouva qu’il avait raison de croire à sa langue, comme il disait, car il soutint, mais mordicus, à la Hocson qu’elle avait des parents de ce nom de Trépied à Carquebu et qu’il était bel et bien de ces Trépieds-là. Puis, il enfila une longue histoire