Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/190

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ne crièrent pas, mais elles auraient crié que peu nous importait. Ce n’était pas comme la sentinelle. Les murs de la prison étaient épais. Il y avait trois cours, toutes trois désertes. On n’aurait pas entendu leurs cris.

— Vive le Roi ! » fîmes-nous en entrant dans le cachot de Des Touches… Prisonnier une semaine à Avranches, prisonnier à Coutances depuis quelques jours, maltraité par ses ennemis, qui voulaient broyer son énergie sous les tortures de la faim et le montrer sur l’échafaud dans une déshonorante faiblesse, Des Touches était assis sur une espèce de soubassement de pierre, tenant au mur de la prison et qui avait la forme d’une huche ; lié de chaînes, mais fort calme.

Il savait les chances de la guerre comme il savait les inconstances de la vague, ce partisan et ce pilote ! Pris un jour, délivré l’autre, repris peut-être ! il avait usé cette pensée…

— Eh bien, dit-il avec son beau sourire, — ce ne sera pas pour demain encore ! — Tenez, ajouta-t-il, déferrez cette main et je vous aiderai pour le reste ! »

Il avait tordu la chaîne qui attachait ses deux bras, mais pincés dans des bracelets d’acier qui paralysaient, en les comprimant, le jeu de ses muscles, il n’avait pas pu la briser !

— Non, chevalier, lui dit M. Jacques, scier