Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/237

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chevalier Des Touches à mademoiselle de Spens, qui, ayant perdu les Touffedelys après mademoiselle de Percy, se cloîtra sans prendre le voile et ne sortit plus de son couvent.

Mais l’enfant dont j’ai parlé grandit, et la vie, la vie passionnée avec ses distractions furieuses et les horribles dégoûts qui les suivent, ne put jamais lui faire oublier cette impression d’enfance, cette histoire faite, comme un thyrse, de deux récits entrelacés, l’un si fier et l’autre si triste ! et tous les deux, comme tout ce qui est beau sur la terre et qui périt sans avoir dit son dernier mot, n’ayant pas eu de dénoûment ! Qu’était devenu le chevalier Des Touches ?… Le lendemain, sur lequel le baron de Fierdrap comptait pour avoir de ses nouvelles, n’en donna point. Nul dans Valognes n’avait connaissance du chevalier Des Touches, et cependant l’abbé n’était pas un rêveur qui voyait à son coude ses rêves comme mesdemoiselles de Touffedelys et Couyart. Il avait vu Des Touches. C’était donc une réalité. Il était donc passé par Valognes, mais il était passé… D’un autre côté, quelle était dans la vie de cette belle et pure Aimée de Spens cet autre mystère qui s’appelait aussi Des Touches ?… Deux questions suspendues éternellement au-dessus de deux images, et auxquelles, après plus de vingt années, vaincue par l’acharnement du souvenir, la circonstance