Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/33

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de la Douve, soit sous les ponts de Carentan, et partout où il y avait des dards et des tanches à récolter, que M. de Fierdrap portait sept habits, les uns sur les autres, et qu’il appelait ses sept coquilles, personne n’étant tenté de justifier ce nombre sacramentel et mystérieux ?… Mais toujours est-il que, dans le salon de mesdemoiselles de Touffedelys, il gardait son spencer de reps gris, doublé de peaux de taupe par-dessus son habit couleur de tabac d’Espagne, à la boutonnière duquel pendait, sous sa croix de Saint-Louis, un petit manchon de velours noir, sans fourrure, dans lequel il aimait, en parlant, à plonger les mains, qu’il avait gourdes, comme Michel Montaigne.

L’ami et le compagnon d’émigration du baron de Fierdrap, et que celui-ci regardait alors comme Morellet aurait regardé Voltaire, s’il l’eût tenu chez le baron d’Holbach dans une petite soirée intime, cet abbé, qui complétait les trois siècles et demi, rassemblés dans ce coin, était bien un homme de la même race que le baron, mais il était bien évident qu’il le dominait, comme M. de Fierdrap dominait ces demoiselles de Touffedelys et la sœur de l’abbé elle-même. De ce cercle, l’abbé était l’aigle, et d’ailleurs, dans tous les mondes, il en eût été un, quand même le cercle, au lieu