Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/245

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Esprit honnête, qui a beaucoup mangé, m’a-t-on dit, à la mangeoire du Correspondant. Ceci peut donner assez exactement la mesure de Thureau-Dangin et le ton de ses opinions. Son livre de Royalistes et Républicains[1], qui n’est qu’un livre de circonstance, aurait pu cependant s’élever plus haut que la circonstance qui l’a inspiré. Il aurait pu sortir du relatif d’une question contemporaine pour entrer dans l’absolu d’une conclusion historique, qui pourrait bien être une loi de l’histoire. Eh bien, il ne s’en est pas même douté ! Aveuglé par la question présente, esclave d’une opinion politique en harmonie avec la portée de son esprit, — car, il ne faut pas s’y tromper, l’opinion politique de la plupart des hommes est une affaire de naissance ou de facultés, c’est-à-dire de naissance encore, — l’auteur de Royalistes et Républicains n’a pas su conclure, dans son livre, contre l’opinion que les faits et les observations de son livre auraient dû renverser. Et c’est ainsi qu’il est allé jusqu’au bord d’une vérité dans laquelle il fallait se jeter avec courage, et qu’après son étude il est resté Gros-Jean… Gros-Jean politique comme devant !

II

Et encore, un Gros-Jean, c’est bien gros ; c’est Jean-Jean peut-être qu’il faudrait dire, car il y a quelque

  1. Plon.