Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/294

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nistre qui les emploie ; ils ne sont que les commissionnaires qui font les commissions d’un gouvernement à un autre, des commissionnaires avec plaque, — une plaque parfois d’émail ou de diamants ! Cela leur constitue une dignité, sans doute, parce que l’État relève et doit parer toutes les fonctions qui le servent, mais cela ne suppose pas, dans les hommes de ces fonctions, la nécessité d’une supériorité quelconque. L’histoire est pleine de favoritismes de tous les genres… On sait comment Alberoni s’y prit pour se concilier la faveur du duc de Vendôme, mais sans être immonde comme cet homme d’esprit, un sot, oui ! même un sot, dans un poste diplomatique, peut l’emporter, au point de vue du succès, sur un homme supérieur. Il n’y a pas que les peuples qui haïssent la supériorité au nom de l’insolente égalité humaine, et qui adorent la médiocrité parce qu’ils se reconnaissent en elle… Les chefs de gouvernement sont parfois peuple par ce côté-là !

Et si vous ajoutez de plus qu’effective, quand elle l’est, cette action diplomatique est toujours rare ! Et qu’on n’a pas, comme Metternich, un Napoléon à qui tenir tête tous les jours !… Les hommes d’État à grande politique sont encore moins nombreux que les diplomates chargés d’en faire accepter ou d’en imposer les décisions. Les gouvernements, qui se jalousent et qui se craignent, restent les uns en face des autres avec des sentiments ou des ressentiments contenus