Page:Barbey d’Aurevilly - Amaïdée, 1890.djvu/60

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— À quoi bon, — répondit le Philosophe, — puisque je n’y croyais pas ! »

Une larme, — une de ces larmes qui en valent des torrents dans les yeux de celles qui sont restées pures, cerna les noirs cils d’Amaïdée, mais ne roula point sur sa joue, quoique cette âme sans fierté ne mît pas sa gloire à la dévorer. Altaï la vit :

— « On ne supprime point une larme en l’essuyant, — dit-il. — Mais, ô Amaïdée, une larme n’est jamais stérile, et on se purifie quand on pleure !…

— Et quand on aime… » reprit la femme avec noblesse.

Mais le Philosophe secoua la tête ; un sourire de dédain ouvrit ses lèvres comme le précurseur de quelque réponse inflexible ; puis le dédain se changea en sourire de mélancolie, et il n’osa pas appuyer son stoïcisme sur cette pauvre créature abattue, qui croyait que l’on se relevait de la mêlée en saisissant encore une fois les genoux d’un homme et en tordant passionnément ses beaux bras autour de ce dernier autel.

— « Écoute-moi, ô Amaïdée ! — dit Altaï.