Page:Barbey d’Aurevilly - Ce qui ne meurt pas, 1884, 2e éd.djvu/129

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manqué dans toutes les épreuves ? Pose donc sur ma tête, ô Yseult, ton dernier essai d’être heureuse ! Ah ! cette idée fait de moi plus qu’un homme ! Elle me divinise pour mieux t’aimer !

« Oui, tu seras aimée par moi, Yseult, comme aux jours les plus exigeants de ta jeunesse tu désirais le plus d’être aimée, et tu retrouveras dans mon amour les félicités commencées et détruites, comme les autres amours passés, évanouis ! J’ai la fierté d’un amour immense. Je crois l’emporter sur les cœurs stériles qui t’ont aimée ! Ne m’as-tu pas dit que j’étais plus vrai et plus pur ?… Ne résiste donc pas au sentiment qui t’entraîne. Avoue-le, quand tu es toute à lui. Oh ! malgré les extases trouvées dans tes bras, Yseult, mon bonheur est incomplet encore. J’ai besoin de te voir te confier à moi-même et à toi. Que je t’entende me dire : « C’est vrai, Allan, une chétive pitié ne m’aurait pas poussée à de tels sacrifices », et je ne te demanderai jamais davantage, et je m’appuierai sur ton épaule jusqu’à ce que tu t’appuies sur la mienne, reposé pour des siècles et indestructiblement heureux ! »