Page:Barbey d’Aurevilly - Ce qui ne meurt pas, 1884, 2e éd.djvu/337

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confiance par cette douceur qui avait si généreusement répondu à l’offense, Camille eut-elle le désir de connaître mieux l’âme de sa mère qu’elle avait souvent calomniée ?… Mais elle ne hasarda aucune question, ne manifesta aucun désir de savoir, et refoula sa sympathie comme un attendrissement bientôt surmonté. Les habitudes de toute leur vie se posaient entre ces deux femmes comme un infranchissable obstacle. Elles ne sont jamais brisées, ces habitudes… Si Camille avait pleuré aux pieds de sa mère c’est qu’elle souffrait de l’injustice cruelle qu’elle se reprochait, c’est que le bonheur de n’avoir pas de rivale, plus encore que la bonté d’Yseult, avait inondé son âme d’une joie et d’une reconnaissance infinies. Mais ce n’était pas de si peu que l’affection qui n’avait jamais existé entre madame de Scudemor et sa fille pouvait naître. Il était trop tard !