triomphe ! Il se jura bien que ce dîner auquel l’invitait la marquise serait comme le dernier coup de canon qui terminerait un si long siège. Il alla trouver Mme d’Anglure, déterminé à la traîner de force à ce dîner qui lui offrait une si belle occasion de jeter la marquise, déjà trahie par sa lettre, pensait-il, tout à fait hors d’elle-même. Hélas ! il n’eut point à en venir à cette extrémité avec la comtesse. Il n’eut pas même à faire la moindre diplomatie pour l’amener à accepter l’invitation de Mme de Gesvres. Avait-elle une autre volonté que la sienne ? N’obéissait-elle pas à tous ses caprices ? Et, d’ailleurs, elle en qui M. de Maulévrier ne parvenait jamais à maîtriser toutes les inquiétudes, n’avait-elle pas cet affreux besoin des cœurs passionnés de se placer en face de la réalité qui tue, et de rencontrer la désolante certitude qu’elle craignait et qu’elle avait déjà cherchée sans la trouver ?
Ils allèrent donc au dîner de Mme de Gesvres. C’était, comme tout ce qui venait de cette femme, d’un goût tout à la fois noble et simple : une piquante réunion des hommes spirituels qui étaient le plus assidus chez elle et des femmes qui laissaient parfois le monde pour y venir. La marquise de Gesvres avait une réputation si bien établie de maîtresse de maison incomparable, que les femmes les plus intelligentes et les plus vouées au culte de la grâce