II
C’est aussi l’histoire d’une fiancée, — mais mon poème est moins idéal que le sien, — l’histoire d’une fiancée, une pure fiancée, qui devint… — Mais pourquoi le dire ? Lisez toujours, et vous le saurez. J’ai passé toute ma journée au coin de mon feu à écouter la pluie battre aux fenêtres, et ce soir je suis resté sans lumière longtemps à regarder les lueurs du foyer danser au plafond comme des spectres, chose fort peu réjouissante pour un être aussi mélancolique que moi. Je pouvais sortir, aller dans le monde ; mais il eût fallu s’habiller, cette grande affaire de la vie ! Et le monde, malgré toutes ses joies, est encore plus triste pour moi que la solitude. Je n’avais donc que la ressource du cigare et du thé ; mais l’un me donne des nausées et l’autre m’alourdit la tête et me noie le cœur, — ce cœur qu’il faut, hélas ! toujours finir par repêcher. — Ce n’était donc pas une ressource. J’étais perdu, si je n’avais pensé qu’une histoire à raconter m’irait à ravir.