III
Et je vous ai prise pour mon audience, madame, comme dit Bossuet, vous, et vous toute seule, qui me prêteriez votre blanche oreille si je vous en demandais le tuyau ; mais je n’ai point une telle exigence. Je ne vous imposerai pas la nécessité d’écouter mon histoire. Prenez-la, laissez-la, oubliez-la ou rêvez-y. Je ne parle pas, j’écris, et vous resterez libre. Pour moi, les mobilités de la femme sont saintes, et je ne crois plus qu’en la divinité du caprice. Seulement, si vos yeux ne tombent pas ici, vous ne saurez jamais qu’un soir où peut-être vous étiez dans le monde, parée, souriante et coquette, vous n’aviez pas — pour moi — quitté votre chambre, et qu’en papillotes et en peignoir, les pieds au feu, sur la même causeuse, la lampe derrière nous, vous m’écoutiez. Plaisirs innocents de la poésie, valez-vous une réalité ?