Page:Barbey d’Aurevilly - L’Amour impossible, La Bague d’Annibal, Lemerre.djvu/239

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XLVI


Voilà le monde ! Oh ! tenez-vous loin de lui, vous tous qui avez un cœur à déchirer et une fierté à faire souffrir. Vous, madame, qui lisez ces lignes, vous l’aimez peut-être beaucoup et vous ne le connaissez pas ! Hélas ! moi, je l’ai connu de bien bonne heure. Il n’y a pas une pauvre marguerite de ma jeunesse sur laquelle il n’ait bavé son venin. Il n’y a pas une de mes joies qu’il n’ait empoisonnée à la source. Il s’est attaché aux êtres que j’aimais, parce que je les aimais ; il les a frappés parce que je les aimais ; et il m’a fallu assister à ce spectacle, muet, garrotté et sans vengeance.