Page:Barbey d’Aurevilly - L’Amour impossible, La Bague d’Annibal, Lemerre.djvu/41

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Mme de Gesvres huit jours après, comme si c’était en elle paresse pleine d’indifférence, mensonge de plus !

Voici quelques-uns des mensonges de M. de Maulévrier :

« Vous m’avez quelquefois reproché, ma chère Caroline, la prétention au coup d’œil d’aigle et à la vérité de la première impression. Une fois de plus, une fois encore, je vais vous donner des armes contre moi. Vous grondez si bien et d’une voix si douce, que je désire beaucoup plus vos gronderies que je ne les crains. Je sors de chez Mme de Gesvres. Je viens de voir cette fière beauté si renommée, et qui tout crûment me déplairait si elle n’était pas votre amie.

« Hier, je l’avais aperçue aux Italiens, sans me douter que ce fût elle. De loin, aux lumières, elle produit un effet assez imposant, mais de près et de plain-pied on s’arrange peu de tout ce grandiose. Franchement, quand on n’est pas impératrice de Russie et qu’on n’a pas empoisonné son mari, il ne sied pas en Europe d’avoir un genre de beauté comme celui-là.

« Mme de Gesvres, qui n’est qu’une des femmes les plus élégantes de Paris et qui n’a jamais empoisonné de mari, car à quoi bon dans nos mœurs actuelles ? est une coquette éblouie et gâtée par les éloges, les admira-