qu’un tel spectacle avait longtemps manqué à leur foi. À cette époque, sans aucun doute, il dut y avoir de véritables ivresses pour les âmes croyantes dans la contemplation ressuscitée de ces anciennes cérémonies revenant déployer leurs pompes vénérées dans ces temples fermés trop longtemps, quand ils n’avaient pas été profanés. De telles impressions dorment maintenant dans le cercueil de nos pères, mais on comprend bien qu’elles durent être puissantes et profondes. Jeanne Le Hardouey éprouvait ces émotions comme les eût éprouvées une femme plus pieuse qu’elle, car il est des moments où la croyance s’élève dans les plus tièdes et les plus froids, comme un bouillonnement éblouissant, mais trop souvent pour retomber ! Elle était à genoux, comme toute l’église, quand la procession s’avança flamboyante, à travers les ténèbres de la nef. Les prêtres défilaient un par un, chantant les hymnes traditionnelles, un cierge dans une main, et dans l’autre leur livre de plain-chant ; et le dais pourpre, avec ses panaches blancs renversés, rayonnait dans la perspective. Jeanne regardait passer tous ces prêtres le long de son banc et attendait, avec une impatience dont elle n’avait pas le secret, l’étranger qui l’avait tant frappée. Probablement, en sa qualité d’étranger, on avait voulu lui faire honneur, car il marchait le dernier de tous, un peu avant les diacres en dalmatique qui précédaient immédiatement l’officiant chargé du Saint-Sacrement et abrité sous le dais. Seul de tous ces prêtres splendides, il n’avait pas changé de costume, les vêpres finies. Il avait gardé son manteau et
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Apparence