Page:Barbey d’Aurevilly - Le Cachet d’onyx, Léa, 1921.djvu/34

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cette main blanche et parfumée qu’il plongeait dans ses cheveux bouclés se trempait en passant sur son front de la sueur que l’humiliation y faisait couler. Heureuse jeune fille, dont le sang, sous les belles veines rougissantes, ressemble à l’essence de rose tiédie, à travers le cristal qui la renferme, par la moiteur d’une gorge de femme. Heureuse jeune fille, poète de la plus vague, de la plus éthérée poésie, qui crée, à propos d’une expression sur un visage d’homme, tout un drame où il n’y a pas une douleur. Et avec quoi ? Avec les soupçons d’un cœur pubère et d’une imagination énamourée.

Hortense elle-même s’y serait trompée comme les jeunes filles. Les tourments de la vanité restent incompris des âmes passionnées. Elle voyait Dorsay au milieu de ses amis, devisant d’une voix douce comme toujours. Elle ne se doutait guère alors qu’elle allait bientôt expier le calme apparent qui recouvrait une honteuse douleur.

Hortense était allée à ce bal comme elle allait à toutes les fêtes, depuis que Dorsay avait cessé de l’aimer. Maintenant que l’amour et la solitude n’avaient plus d’enchantement pour elle, elle venait demander au monde et à ses pompes la chétive aumône d’une dis-