Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/190

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concepts », cette théorie, très travaillée, très allemande, très subtile, mais dans le détail de laquelle nous ne pouvons entrer sans donner une congestion cérébrale au lecteur, se réduirait, si on la dépouillait de sa logomachie d’école, à une de ces inutilités logiques qu’un enfant dé la Doctrine Chrétienne mépriserait ! M. Doublet lui-même n’est pas si convaincu de la solidité de cette théorie qu’il ne sente le besoin de l’appuyer sur autre chose… et vous douteriez-vous jamais sur quoi il l’appuie ? sur l’idée d’une vie antérieure, c’est-à-dire que le voilà du coup en pleine métempsychose comme Pythagore et M. Jean Reynaud le pythagoricien ! Honteux d’être obligé de rétrograder jusque-là, car il a un bon sens qui se révolte probablement contre les conclusions de sa philosophie, l’historien de l’intelligence essaie de s’abriter sous l’opinion (d’ailleurs rétractée) de saint Augustin, dont le génie, comme on le sait, élevé dans les écoles, oscilla plus d’une fois aux souffles de son temps, avant de devenir la ferme lumière qui a brillé dans le monde catholique, phare immobile à travers les siècles ! Mais quel que soit, du reste, le grand nom dont on abuse en s’en couvrant, et n’importe à qui elle appartienne, l’idée d’une vie antérieure pour expliquer l’intelligence actuelle de l’homme peut être un système, mais n’est pas, certes, une solution. Doubler le question n’est pas la résoudre, et la Critique garde le droit de dire au philosophe : « Vous reculez toujours, mais quand sauterez-vous ? » M. Doublet ne sautera pas. Nous le prédisons.

Telle est, en quelques mots, cette histoire de l’intelligence. Tel est le fond de ce livre dans lequel un esprit,