Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/252

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IV

Car voilà Buffon, — le vrai Buffon pour nous ! Buffon, c’est le grand peintre du dix-huitième siècle, qui n’a pas inventé seulement la description scientifique, comme parle M. Flourens, mais la description naturelle, — l’art de peindre avec des mots, — et qui, dans l’ordre hiérarchique de cet art nouveau précéda immédiatement Chateaubriand, lequel commença sa carrière d’écrivain par être aussi naturaliste. En cette Histoire des travaux et des idées de Buffon, M. Flourens s’occupe, avec une compétence dont nous ne sommes point juge, du détail de toutes les questions techniques, que nous ne saurions aborder dans ce livre, nous qui n’écrivons ni pour une spécialité, ni pour une académie. Les idées de Buffon sur l’économie animale, sur la génération et sur la dégénération des animaux, etc., etc., etc., toutes ces diverses vues sont passées au crible de la plus subtile et de la plus patiente analyse, mais, la conclusion que nous venons de citer l’atteste, ce qui reste au fond du crible, c’est le génie de l’homme qui a remué toutes ces questions ! Le résultat qu’on atteint, c’est la démonstration de sa force, mais, franchement, ce n’est guère rien de plus ! Excepté l’unité du genre humain et la théorie de la terre, les deux plus grandes solidités de Buffon, l’actif de vérité, dans son bilan, est assez petit. Seulement, nous l’avons dit, c’est bien moins l’hypothèse qui est à