Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/417

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répétait le témoignage du sentiment, et qu’elle le confirmait, en le répétant.

Telle est, sauf les développements, qui sont très-lumineux et dont on ne peut donner ici la longue chaîne logique, la grande démonstration faite par M. Flourens contre le matérialisme, et qui, selon nous, doit finir et emporter le débat. C’est, comme on le voit, le dernier mot philosophique, prononcé dans un ordre d’idées qu’il forclôt, et contre lequel nulle objection ne peut désormais se relever. C’est la dernière raison, — ou bien mieux ! c’est le dernier fait sous lequel s’enterrera le Matérialisme et cette philosophie de la Sensation, qui a longtemps régné et qui se raccroche en ce moment au Panthéisme, pour ne pas tout à fait périr et pour retrouver plus tard le moyen de vivre.

Par le Panthéisme, en effet, le Matérialisme a toujours un pied et une main dans la philosophie contemporaine, et ce n’est pas le Spiritualisme, réduit à ses seules forces, qui coupera jamais ce pied et cette main-là. Il l’a essayé, au commencement du siècle, ce spiritualisme vain qui, en dehors des idées chrétiennes, a l’insolence et l’ingratitude de se croire quelque chose. C’était l’heure où la société n’en pouvait plus, changeait d’erreur et se tournait de l’autre côté, sur sa paillasse de sophismes. Mais M. Cousin, qui discutait Locke, n’empêcha pas Broussais. D’ailleurs, il faut bien en convenir, quelle que soit la doctrine dont il est question, ce n’est jamais par des arguments tirés d’un ordre d’idées déterminé, qu’on peut enfoncer et ruiner les arguments tirés d’un bon ordre d’idées contraires, et tout de même que le Spiritualisme