Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/139

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Entendant les passants vanter un figuier mûr,

Une rose, un oiseau qu’on aperçoit derrière,

Se parler de bosquets, de jets d’eau, de volière,

Et de cygnes nageant dans un plein réservoir,

Je leur dis : « Prenez-moi dans vos bras, je veux voir ! »

Grâce, il faut l’avouer, très-particulière et très-piquante encore : mais que je l’aimais bien mieux, mêlée à la honte de l’Adam du Joseph Delorme, rougissant de toutes les nudités de son âme et de son péché !

Ainsi, ne vous y trompez pas, du Joseph Delorme, pour tout, dans ces Consolations, du Joseph Delorme, quand il y est toutefois, comme dans les vers à madame Hugo où il n’a de puissance que dans la partie de ces vers qui désole ; dans l’épître à M. Auguste Le Prévôt, où il est estompé dans une rêverie pieuse, à la nuance de laquelle il aurait dû s’arrêter, mais qu’il a forcée et trop forcée partout ailleurs ; dans la pièce qui commence par le vers :

J’arrive de bien loin, et demain je repars ;

idée charmante, inspirée par la famille, cette source de toute poésie intime ; dans Les Larmes de Racine, où l’on retrouve le détail secret, domestique, obscur, dans lequel M. Sainte-Beuve serait si aisément un maître :

Les châtaigniers aux larges ombres, etc.

Oui, du Joseph Delorme, mis à genoux, mais non