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plus que la vie et qui en constitue l’idéal, il y a ceux qui ont tiré à eux toute cette magnifique couverture du nom de poètes et qui l’ont gardé pour eux seuls. Seuls, en effet, entre tous, ils s’appellent spécialement : Les Poètes. Ils ont confisqué à leur profit une appellation qui convient à tout homme doué, quel que soit son genre de talent et de langage, de la puissance d’exalter la vie et d’élargir les battements du cœur.

Les Poètes donc au XIXe siècle, tel est le sujet de la nouvelle série d’études que nous publions aujourd’hui. On ne les trouvera pas tous dans ce cadre étroit d’un volume ; mais j’ai besoin de rappeler une conception sur laquelle la Critique s’est volontairement ou involontairement trompée. Elle a dernièrement reproché à l’auteur des Œuvres et des Hommes d’avoir oublié, dans ses volumes précédents, des personnalités très-considérables. Il s’agissait du P. Guéranger, comme théologien, et du P. Ventura, comme philosophe[1]. Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positive-

  1. Ce dernier n’était que parmi les écrivains religieux, — comme sermonnaire.