Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/358

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les temps futurs », et c’est ce Dieu-là, dont le livre de M. Quinet voudrait faire aujourd’hui les affaires, sous couleur de poésie, de légende et d’histoire ! Le panthéisme avait son évangile pour les raisons fortes, mais M. Quinet a voulu qu’il eût aussi son apocalypse pour les imaginations ardentes ! Dans son épopée, burlesque sans gaieté et criminelle avec niaiserie, le bon Merlin, « qui n’a pas été éclipsé par la splendeur du Christ » (textuel), s’est donné pour mission de convertir Satan, son père, et de supprimer l’enfer ! Et il y parvient, dans le poëme de M. Quinet, ce qui, certes ! n’étonnera personne. Mais en risquant ce tableau final qu’il intitule : « Triomphe ! triomphe ! » et qu’il écrit lyriquement ainsi, le poète de Merlin l’Enchanteur reste toujours l’esclave de la répétition éternelle, la victime de cette mémoire, qui est son vautour. Seulement ce n’est plus ici le Dante qu’il répète ou reflète, c’est… Alexandre Soumet.

III

Ainsi vieilles visées, hérétiquement ineptes, vieux projets impies, vieux blasphèmes, voilà encore, par ce dernier côté, des redites à ce poëme de redites, qui les expie, du reste, par l’ennui qu’il exhale, — un ennui qu’on peut dire immense, allez, puisque M. Quinet aime l’immensité ! Il est incertain qu’on puisse faire littérairement plus mal que ce livre. Il est certain qu’on ne peut pas faire plus ennuyeux. Et