Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/109

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cerveau. Le Pape, ce livre retors d’intention, n’est nouveau ni par le fond, ni par la forme. Tout l’antique Hugo se résume là-dedans. C’est le repassage des opinions et des idées qui, depuis sa sortie du parti monarchique et son entrée dans le parti républicain, ont été ses opinions et ses idées. Redites que la forme qu’il leur a donnée ne rajeunit pas !

Donc, pas d’illusion possible. Cela ressemble à ce qu’en langage de théâtre on appelle « un ours ». Et moi-même, qui, comme critique, dans l’affadissante universelle inondation des mêmes choses, ai pris le parti de ne plus parler du talent que j’ai caractérisé une bonne fois s’il ne renouvelle pas sa manière, je ne parlerais point de ce poème du Pape dans lequel, comme manière, Hugo est toujours le même Hugo connu depuis cinquante ans, — le même Archevêque, conme disait plaisamment feu Cousin… mais dont il oubliait de dire le diocèse, qui est le diocèse de Grenade. Seulement, à tort ou à raison, Hugo est une puissance. L’avenir pourra bien, un jour, rogner un pan de sa trop vaste gloire, mais, pour le moment, elle subsiste encore et brille de toute la splendeur de l’esprit de ceux qui l’acceptent… Or, pour cette raison et cette unique raison, je parlerai de son Pape, de ce poème qui, par le fait de la renommée de sonauteur et par les idées qu’il exprime, pourrait bien avoir le triste honneur d’être dangereux.

Et, en effet, il corrobore la bêtise universelle. Les