Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/110

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idées que les ignorants qui lisent reçoivent de la plume des ignorants qui écrivent, les idées qui présentement filtrent partout et grimpent comme l’eau du déluge jusque dans les esprits qui semblent pourtant assez élevés pour leur échapper, sont ici affirmées une fois <le plus, et Victor Hugo leur donne, pour les faire monter plus haut, le coup de piston d’un talent qui passe pour un génie. Le Pape, ici, ne vous y trompez pas ! c’est la Papauté. Hugo en est l’ennemi, et s’il pouvait y avoir quelque chose de profond et de durable dans les poètes, c’en serait un ennemi implacable. Bans son poème, sous une forme poétique, attendrissante, larmoyante, apostolique, car l’archevêque de Cousin sait au besoin faire l’apôtre, il résout la question posée pendant tant de siècles : à savoir que le Pape doit être décapité de sa couronne, en attendant qu’il le soit de sa tête ; — car, pour messieurs les démocrates autant que pour nous, les monarchistes, la couronne et la tête ne font jamais qu’un.

Il la résout, et rien de plus simple : jeter le Pape à bas de son trône ! Ne pas le tuer, pas plus que Claude Gueux, mais en faire un mendiant et le réduire à l’apostolat de la besace. Quoi de plus simple, de plus élémentaire, deplus primitif ? Voilà l’idéal ! C’est brutal aussi, il est vrai, mais c’est précisément cette brutalité que l’habileté est de faire disparaître. En ces termes, si elle y restait, l’idée en question révolterait peut-être encore bien des âmes. ll faut donc la débrutaliser. Il