blasphémateurs. Mais il n’y en a point qui montre par un côté plus grand cette malheureuse athée qui se dresse avec tant de furie sur ses petits ergots contre le Seigneur, et à qui il ne manque, pour être ce phénix renaissant incessamment de ses cendres qu’on appelle avec le tremblement du respect : « : un grand poète », que l’abondance dans les sujets et la variété de l’inspiration. C’est ce que n’a pas madame Ackermann. Elle n’a pas, comme le phénix et le grand poète, cette faculté de renaître perpétuellement de ses cendres. Elle ne renaît pas assez des siennes. Voyez ! elle avait passé le milieu de la vie déjà quand parurent ces poésies, et elle ne nous a donné que quelques pièces de vers après tout, phénix consumé peut-être, et absorbé, en tout cas, par la philosophie, qui n’a jamais rencontré de poète lui appartenant si exclusivement.
En donnera-t-elle encore ? N’en donnera-t-elle plus ?…
Là se pose pour la Critique une question pl us profonde que la personnalité de madame Ackermann. Un grand poète peut-il être athée longtemps et sans déchet ? Par la nature de son inspiration bien plus que par celle de ses facultés, l’auteur des Poésies philosophiques ne devait-il pas être forcément plus ou moins stérile ? Une négation n’est jamais féconde, mais la négation de l’Affirmation infinie, la négation de Dieu, source de toutes les fécondités, ne peut pas engendrer longtemps… Madame Ackermann, malgré