Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/276

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l’indignation, qu’il a tant ! C’est un Barbier rieur, du temps où le Barbier qui ne riait pas se f orcenait dans ses Ïambes ou dans son Pianto. C’est le rire qui est certainement la meilleure caractéristique du génie d’Amédée Pommier. Cet exaspéré, qui possédait le bon sens des grands Satiriques, le bon sens des Juvénal, des Régnier, des Agrippa d’Aubigné et des Gilbert, l’a, comme eux, sous la forme la plus vibrante du verbe, et il y ajoutelavibration du rire, cetautre verbe qu’on entend plus fort que les mots ! Le poème de Paris est, toutle temps qu’il dure, un long rire éclatant ou étouffé avec toutes les nuances que le rire peut avoir, effrayant par places, comique à d’autres, burlesque, cordial et bonhomme. Il y a, en effet, de la bonhomie, comme il y a aussi de la gaminerie, dans le talent de Pommier. Il va du bonhomme au gamin.toujours par le chemin du rire, mais, chez lui, le bonhomme n’est jamais Prudhomme, et quand il est chauvin, car il se permet d’être chauvin, parfois, dans son poème, c’est un chauvin grandiose, — et un gamin grandiose aussi, un Gavroche monumental 1 Et d’avoir sublimé ces deux types, de les avoir reproduits avec la grandeur de sa touche, parce qu’il les sentait profonds en lui, serait assez comme cela pour sa gloire de poète, n’y aurait-il pas autre chose dans ce fourmillant poème de Paris, qui n’a rien oublié de Paris.

Lui, ce grenadier de Hugo, est bien plus gaulois que son chef. Il est, je viens de le dire, de la famille