Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III

Fier et franc esprit s’il en fût jamais, artiste de lettres de la plus pure indépendance ! Dans un temps où la gloire n’était pas difficile et où Victor Cousin disait : « On a trois ou quatre amis. On les prie de vous faire de la gloire, et tout aussitôt, on en a ! » Pommier manqua de ces quatre amis. Ce poète, qui n’avait dans le rythme de rival que Théophile Gautier, et qui, comme âme poétique et comme inspiration, valait bien davantage, Amédée Pommier, qui n’a jamais su faire de visites pour l’Académie, n’en a jamais su faire non plus à la Critique et n’a demandé dix lignes d’article à personne. Il avait la chasteté du génie, et quand son talent fut oublié, — car il ne fut j amais méconnu ; c’était impossible ! — il eut cette fierté de ne pas se plaindre qui n’est pas la résignation, mais qui est plus belle que la résignation, parce qu’elle est plus douloureuse… Amédée Pommier, que la Revue des Deux-Mondes, cette boutique de publicité, avait accepté pendant quelque temps comme un de ses poètes, quoiqu’il en fût un, tomba dans l’oubli quand ^d’autres poètes, bien inférieurs à lui, tapageaient.