Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/304

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temps ne durent pas !), ce Roger Bontemps de l’esprit, qui jeta le sien, comme sa fortune, par la fenêtre, sous laquelle personne ne l’a ramassé !… Tels étaient les échos pour qui la Muse de Saint-Maur aimait à chanter. Esprit ouvert, cœur ouvert, main ouverte à tous les amis ! Sa célébrité, à moitié voilée mais d’autant plus piquante pour la curiosité, ne dépassait guères alors le tour de la table dont il était souvent l’Amphytrion. Elle aurait dû le dépasser. — Si paresseuse à se lever, cette aurore, attardée jusqu’au crépus cule, a souvent montré combien, dans les vrais poètes, immortels d’esprit et de cœur, le couchant ressemble à l’aurore.

Sâint-Maurne débutapas précisément à l’heure où les autres finissent, pourtant, car, avant son Dernier Chant, il avait, ce poète de tant de cordes à sa lyre, publié une traduction des Psaumes d’une étreinte de texte et d’une sévérité d’exécution qui étonnèrent beaucoup ceux qui s’imaginaient ne trouver en lui qu’un délicieux poète, gracieux et coloré. Mais le volume que voici nous le révèle intégralement dans toutes ses puissances poétiques et la variété de ses inspirations.