Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/319

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sont qu’un, comme autrefois les députés de Yaugirard, et quoiqu’ils soient bien quarante, comme à l’Académie… M. Paul Bourget avait trop d’âme—à la vieille manière, qui est l’immortelle ! — pour s’enrégimenter parmi les travailleurs en poésie, parmi les hommes dela bagatelle poétique qui décrivent pour décrire, et font des vers… pour faire des vers. Lui, faisait des vers pour dire quelque chose. C’est un endolori, c’est un agité, c’est un inquiet, qui regarde plus dans son cœur troublé que dans de petites fleurs, roses ou bleues, pour en dessiner et en colorier les pétales. Malgré ses liaisons avec les Parnassiens, qui sont presque tous ses ami s, et quoiqu’on porte toujours un peu sur sa pensée la peine de ses intimités, quoiqu’il ait même payé son passage chez Lemerre de l’obole de quelques sonnets, évidemment M. Paul Bourget ne semble pas fait pour jouer aux petites difficultés vaincues du sonnet, à ce sertissage du bijou ou du joujou poétique. Par sa nature, il doit répugner à cette forme essentiellement parnassienne du sonnet, à cette œuvre d’asthmatique qui, entre deux toux, place nettement son petit mot… Et puisque nous avons tous une famille littéraire quand nous sommes bien nés littérairement, et qu’alors nous ne nous mettons pas aux Enfants-Trouvés des Écoles, l’auteurdela Vie inquiète s’apparente de loin à Henri Heine, et, de plus près, à lord Byron. Il le sait et même il s’en vante, c’est un Byronien. Mais être Byronien, ce n’est pas comme