Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/64

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portrait de Henri III, maintenant cité partout, et que M. Violet Le Duc cita, je crois, pour la première fois, dans son édition de Mathurin Régnier, un satyrique aussi, mais d’un autre genre que d’Aubigné. Les pape rasses poétiques du vieux reitre, qu’il emportait, comme Camoëns son poème, non à la nage, dans les mers furieuses, mais à travers le feu des guerres et des partis, s’étaient finalement englouties dans la terre la plus prosaïque qui ait jamais existé, à Genève, dans le cabinet de la famille qui a donné le jour à Tronchin. Singulière destinée ! C’est de là qu’il a fallu les faire sortir. Les éditeurs, MM. E. ltéaume et de Caussade, ont extrait, à force d’efforts, ces pépites… Et si, dans l’ordre interverti des volumes, le troisième a paru avant le second, c’est que dans le troisième se trouvent les vers inédits et absolument inconnus de d’Aubigné, et qu’on a cru intéresser au succès immédiat de l’édition qu’on publie par cet attrait de nouveauté.

Certes ! les éditeurs ont bien mérité des lettres et de ceux qui les aiment. Ils ont fait vaillamment leur métier d’éditeurs, quel qu’ait été le motif qui les a fait agir, curiosité simple d’éditeurs consciencieux ou enthousiasme poétique. Auraient-ils, en effet, voulu grandir leur poète en le montrant tout entier ?… Compléter n’est pas toujours grandir. C’est même diminuer quelquefois, Nous venons de le voir pour André Chénier. De cette édition-ci, qui a barré la rivière et