Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/117

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cela, on prend des livres généreux et puissants et l’on en exprime ce qu’il faut pour tenir dans son rouleau d’eau de Cologne. On prend, par exemple, Les Parents pauvres et Les Intimes, et en y ajoutant le perpétuel ricanement de ce personnage d’un des romans de Frédéric Soulié, qui dit, à propos de tout, des choses les plus affreuses ou les plus dégoûtantes : « histoire de rire », on écrit très-bien la Germaine M. Edmond About. Qu’on nous passe l’expression familière, ce n’est pas plus malin que cela.

Germaine est effectivement, non de trame ou d’événements, mais d’inspiration générale, de caractères, et quelquefois de mise en scène, un mélange et une imitation grossière, turbulente et manquée, des Parents pauvres et des Intimes. La madame Chermidy de Germaine est une madame Marneffe, peinte à la détrempe par un peintre d’enseigne, non pour le volet, cette fois, mais pour l’intérieur d’un wagon. Vous vous la rappelez, la Marneffe de Balzac, cette Méduse de boue ? C’est l’ignoble montant, à force d’art, jusqu’au terrible. La Chermidy de M. About n’est que l’ignoble qui ne peut descendre plus bas. Le baron Hulot, des Parents pauvres, se retrouve encore dans le duc de La Tour-d’Embleuse. Seul, le fond de l’histoire, qui est assez ignoble aussi, appartient à M. About. Nous ne le lui reprochons pas. L’ignoble se trouve bien dans la vie, pourquoi ne serait-il pas dans les romans ? Les romanciers ne prennent pas la vie avec des pinces fines comme les entomologistes leurs insectes. Ils la prennent à pleine main, vaillamment et la brassent comme le sculpteur sa glaise. La science dit tout, et l’art doit tout peindre, mais