Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/118

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c’est dans un but supérieur à l’une ou à l’autre, — dans un but religieux d’enseignement. Or, voilà ce que M. About, qui fait le joli cœur tout en nous racontant les abominations de sa Chermidy, ne sait pas ! M. About n’a point l’impassibilité chirurgicale de M. Gustave Flaubert dans sa Madame Bovary, mais il a une légèreté plus navrante encore… Cherchez un cri, un monosyllabe, un geste, un pli de bouche arraché par le dégoût au conteur, dans toute cette affreuse histoire d’une femme affreuse, vous ne le trouverez pas ! En ceci, M. About, si différent, par le talent, de M. Flaubert, lui ressemble. L’homme du lâché ressemble à l’homme de la sécheresse et de la lime. Tous deux ont à l’âme la froideur des grenouilles dans leur vase, quand il s’agit de la moralité ou de l’immoralité humaine. M. Flaubert n’en parle même pas, et M. About s’en moque. Histoire de rire ! Nous sommes Français, et, quoique très-laide, l’affaire peut… amuser !


III

Or, voici cette histoire de Germaine. Un grand d’Espagne, plus riche à lui seul que la monarchie espagnole, le comte Gomez de Villanera, vit publiquement avec une femme sortie d’un bureau de tabac et mariée à un officier de marine qui court les mers pendant que sa femme court les rues. C’est la madame Marneffe à l’état de ramollissement de M. About. Ils ont un enfant. Le comte, un Don Quichotte en frac