contre les charançons, le Guide des omnibus, l’itinéraire des halles et marchés et les coulisses de la Bourse. Littérature qui n’est plus la facile dont se plaignait M. Nisard, il y a un siècle, mais qui est l’utile… du moins pour son auteur, car toute la question est là pour M. About, comme il l’a dit avec agrément dans sa dédicace de Maître Pierre : « Il s’agit d’imiter la mouche qui pique l’écorce des vieux arbres pour y déposer un œuf. »
Eh bien ! l’œuf est déposé, et ce n’est pas un œuf de mouche. On peut dîner avec celui-là. M. Edmond About appartient à cette fière génération qui a pour mission de substituer la littérature américaine à la littérature française. Il a, dans sa conception de l’art et des livres, le sentiment américain. Il l’a naturellement ; ce n’est pas un système ; tout ce caoutchouc-là est sa vraie peau. Nous la lui laisserons ; nous ne voulons pas l’en priver. Si l’abbé de Bernis revenait au monde, il serait Américain aussi, car il n’y a plus d’autres manières de sauter les fossés que le bâton de M. About. On les saute, et d’autant mieux qu’on ne pèse guère ; mais ce qui tombe au fond du fossé et ce qui y reste, c’est le talent, c’est l’honneur littéraire, c’est l’art enfin, qui jamais n’en sortiront plus. Qu’importe, du reste ! on a son affaire faite, comme on dit en américain, et puisqu’on a travaillé pour les chemins de fer, qu’importe que les livres qu’on n’a pas sués, d’ailleurs, au lieu d’être lus dans le wagon, finissent par aller doubler l’intérieur des malles !