Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/135

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de pudeur en pudeur, et de honte en honte, les deux amants descendent jusqu’au déshonneur le plus complet, et à l’infamie, car l’homme y devient insensé et abject, sans pouvoir reprendre une part de soi à la passion qui le dévore, et la femme, à son tour, y devient menteuse et infidèle ; elle l’était déjà, mais, entendons-nous ! menteuse dans l’amour et infidèle… à son amant !

Et c’est le dernier pas, en effet, et l’accomplissement de la parole que nous avons citée : « On n’échappe au mariage que pour y revenir. » Fanny a trompé son mari pour son amant, et elle finit par tromper son amant pour son mari. La revanche est complète, et le châtiment de l’adultère est dans ce sanglant coup de fouet ! La scène où l’amant voit, du balcon où il s’est glissé à plat ventre pour espionner sa maîtresse, l’infidélité de cette femme, est d’une netteté de détails redoutablement troublante. Ce n’est pas nous qui reprochons à l’auteur le cru de cette scène, qui est une leçon, et qui est affilée sur tous les côtés comme une arme à plusieurs tranchants, et qui doit faire plusieurs blessures d’un seul coup. Mais nous ne craindrons pas de lui reprocher d’avoir donné au personnage de Fanny quelque chose d’entraîné et de physiquement involontaire dans cette scène, qui serait odieuse, si, pour l’amant, elle n’était pas un supplice. Il aura cru qu’en agissant ainsi il