Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/147

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chandelle d’un garçon d’écurie qui va en bonne fortune de rue, ce qui fait dire à Daniel avec convoitise : « Voilà un homme heureux ! » Il y a des groupes pathétiques et naïfs, mais parmi les naïfs vous avez celui de l’eau apportée dans le chapeau de Daniel-Lara pour laver une bottine crottée ; et parmi les pathétiques, la jeune fille vue sur le rocher de Trouville en attitude de Corinne, sans harpe, sur le cap Misène. Il y a enfin des promenades à cheval, et l’amazone, et le voile, et tout cela à la dernière mode, et qui s’en ira avec elle, et enfin il y a une langue pour dire et pour peindre tout cela, toutes ces pauvretés de détail accumulées sur cette pauvreté d’invention, mais cette langue, nous la connaissions ; elle n’a pas changé, c’est celle de Fanny. C’est cette langue dévouée à l’ameublement, à la tapisserie, aux clous dorés, aux épingles et aux épinglettes, à tous ces brimborions pointillés qu’elle décrit avec un amour de myope qui regarde de près, et que dorénavant M. Feydeau fera bien de ne plus déplacer !

X

Ainsi vous le voyez, Daniel, le roman byronien (soi-disant), est une tentative avortée. Malgré les ambitions de son auteur et les caresses de l’amitié à l’amour-propre, Daniel, littérairement tout autant que moralement, vaut beaucoup moins que Fanny, Fanny la surfaite, et certainement, il se retournera contre elle, Daniel, c’est du Byron réaliste, du Byron avec des