Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/146

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de même transposés et baissés, et les détails aussi, et toutes choses enfin de ce livre, échoué sans naufrage ! de ce livre faux et guindé, froid, quoique frénétique, et, quoique immoral, ennuyeux ! On y voit la mer, comme dans les amours de Juan et d’Haïdée, mais c’est… à Trouville, aux bains de Trouville, entre les salons où des hommes en veste de basin et en panama lorgnent des crinolines et la cabane des baigneuses que M. Feydeau, ce Byron d’épiderme, mais qui a le réalisme sous la peau, ne peut s’empêcher de nous peindre avec le pinceau ramassé de M. Courbet.

On y voit des rivaux, mais ce sont des fils d’usuriers genevois, comme M. Cabasse, méfiants et lâches parce qu’ils ont des millions, écornés par des parasites, ou comme M. Georget (Cabasse et Georget, noms peu byroniens !), lâches et envieux, parce qu’ils n’ont rien. Il y a des duels, les duels, la seule chose poétique des romans modernes avec la platitude, s’accroissant chaque jour de nos mœurs, mais poétiques à trop bon marché, quand l’auteur qui se les permet n’en relève pas le lieu par trop aisément commun, par quelque chose qui leur donne du caractère, et, pour Dieu ! un peu de nouveauté ! Il y a là des dévouements ordinaires à tout roman sentimental, plus lieux communs encore que les duels ; et, entre autres, il y a celui-là qu’aimait La Fontaine :

De la dame

Emportée à travers la flamme !

mais la flamme est celle d’un grenier à foin incendié par la