Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/282

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idée, qui veulent tout écrire et ne rien oublier, parce qu’il est plus aisé de peindre les bretelles tombant sur les hanches des hommes qui jouaient au bouchon (v. p. 68), que d’avoir un aperçu quelconque ou de trouver une nuance nouvelle dans un sentiment. Oui, la manie de l’école hollandaise les perdra, car, pour peindre la vulgarité et n’être pas odieux comme elle, il faut la divine bonhomie qu’ils n’ont pas, et qui est aussi rare et aussi précieuse que la puissance même de l’idéal, qu’ils n’ont pas non plus !


IV

Si on ôtait du livre de M. Hector Malot tout ce qui appartient à notre époque et ce qui passera avec elle, toutes les choses qui sont le domaine commun pour qui plante sa plume dans un sujet moderne, et les lectures contemporaines et la langue générale des romans actuels, que resterait-il à ce communiste littéraire qui vit sur l’apport social bien plus que sur son propre talent ?… De même M. Erckmann-Chatrian.

M. Erckmann-Chatrian est aussi un communiste d’imitation. Croit-on qu’il aurait fait son livre de L’Illustre Docteur Mathéus, si Hoffmann ou Edgar Poe n’avaient jamais existé ?… Eh ! mon Dieu ! peut-être : les imitateurs, qui cherchent leur vie à toute porte finissent bien toujours par trouver quelqu’un ou quelque chose à imiter. Le livre de Contes de M. Erckmann-Chatrian a rencontré dans la critique des ingénus qui l’