Page:Barbey d’Aurevilly - Les Vieilles Actrices. Le Musée des antiques, 1889.djvu/18

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coquetteries exorbitantes, et qui, quand elle joue les jeunes premiers, joue les travestis.

Et elle ne veut jouer que cela. Ne lui parlez jamais d’autres rôles ! La gloire et le talent de l’acteur ou de l’actrice, c’est pourtant de les aborder crânement tous, c’est de se couler et de tenir dans la peau de tous les personnages quelconques, c’est d’accepter la panse de Falstaff, la bosse de Richard III, le cul-de-jatte de Couthon, de transfigurer ces réalités de la vie par la beauté et la vérité de l’âme et du jeu ; mais mademoiselle Laferrière n’est pas assez acteur pour avoir cette virilité que Rachel avait. Rachel a joué Athalie vieille et en cheveux blancs, ce qui ferait horreur à cette minaudière de Laferrière.

Un jour, elle — Laferrière — ne voulut pas jouer le rôle du Beau Brummell, parce qu’au dernier acte les auteurs avaient représenté Brummell vieux et fou, dans une scène que le grand et puissant Frédéric