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Page:Barbey d’Aurevilly - Lettres à Trébutien, I, 1908.djvu/47

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Paris, le 16 avril 1842.


Mon cher Trebutien,

Je vous écris en courant. Je vous demande pardon de cet ignoble papier, mais je suis pressé et n’en ai pas d’autre sous la main.

Ce papier vous fera faire, probablement, l’induction que je suis rentré dans la politique militante par les colonies ; et, ma foi, l’induction sera très philosophique et très légitime. Je bataille au Globe depuis quinze jours.

Mais ce n’est pas de politique que je veux vous parler, mon ami, ni de mes études, ni de moi-même, ni de mes publications (remarquez l’s) très prochaines ; je ne souillerai pas ce billet de tant d’égoïsme ; non : je veux vous embrasser seulement et vous dire :

Vous avez, à ce qu’il paraît, découvert un manuscrit du Père André, l’auteur du Traité sur le beau. Je peux, soit au Globe, soit à la Revue d’Architecture, dont le rédacteur en chef est mon ami, faire sur vous et sur votre découverte la plus splendide réclame qui ait jamais été écrite par un ami sur un ami. Envoyez-moi donc une note, une note détaillée sur la chose. Quant au bien à dire personnellement de vous, je m’en charge et jamais poids ne m’aura semblé plus léger, et, après l’éloge d’une maîtresse, plus charmant à soutenir et à porter que celui-là !

Si même vous pouviez m’envoyer quelque fragment bien intéressant, et si long fût-il, de votre découverte, je l’introduirais dans la Revue d’Architecture, qui (si vous la lisez quelquefois, mon cher ami, vous en jugerez) n’est pas un journal de maçon.

Écrivez-moi à ce sujet sous le plus bref délai, mon cher