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Page:Barbey d’Aurevilly - Lettres à Trébutien, I, 1908.djvu/49

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Paris, le 25 mars 1843.


Mon ami, mon excellent ami,

Je réponds bien en l’air à votre lettre. J’arrive de la campagne et je n’ai pas encore envoyé prendre rue du Bouloy le paquet que Derache m’a prié d’y faire prendre et que je suppose envoyé par vous. Comme vous ne me parlez pas de ce paquet dans votre lettre, je ne vous en accuse réception que per hypothesim.

Vos amabilités sur la Bague d’Annibal sont par trop aimables, mais je les accepte comme les femmes et les perruches acceptent les douceurs. Et cependant, venant de vous, ces choses-là sont plus et mieux que des amabilités. Quand vous appréciez ce que j’ai écrit et que vous le louez, je suis heureux parce qu’il y a entre nous communauté de sensations et sympathie d’intelligence.

Je suis très touché, très reconnaissant et presque ému de votre idée de faire une édition de la Bague d’Annibal. Je n’avais pas le projet de la publier, mais j’en aurais eu le projet que j’y renoncerais pour le plaisir de vous voir devenir mon éditeur. C’est une des choses qui me flattent le plus et qui devaient le plus me flatter que votre proposition, et je veux vous en témoigner ma reconnaissance en vous dédiant ladite Bague. Quand donc vous serez en mesure, vous m’écrirez et je vous enverrai un mot de dédicace épistolaire, qui dira du moins à ceux qui me liront ce que nous sommes l’un à l’autre.

Et cela, mon cher Trebutien, sans faire tort le moins du monde à la mention que je vous réserve dans l’édition des œuvres de Guérin. Cette damnée édition est fort retardée par Germaine, qui devait paraître ce mois-ci et qui n’a point