Page:Barbey d’Aurevilly - Lettres à Trébutien, I, 1908.djvu/50

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paru à cause d’un procès de mon éditeur avec un de ses confrères. Sitôt que Germaine aura fait son entrée dans le monde, je m’occuperai des magnifiques choses laissées par notre ami. La Bacchante, dont vous me parlez, est un morceau plus long et plus beau que le Centaure. Je l’ai, ainsi que d’autres fragments superbes, tant en prose qu’en vers.

Depuis que je ne vous ai écrit, mon cher Trebutien, j’ai fait du journalisme en province. J’ai été envoyé à Dieppe pour brasser une élection, et cette élection je l’ai enlevée contre vent et marée. J’ai battu les journaux de l’administration et rallié des légitimistes à un candidat qui ne l’était pas. Ç’a été un coup de partie bien mené et qui m’a fait honneur. J’estime plus ce succès qu’un succès d’écrivain ; c’est un succès d’homme d’action, de la politique sur le vif, de l’influence de langage, de manières, de tenue. Comme vous êtes mon ami, je vous conte mon succès et le savoure dans le plaisir qu’il vous fera. Penser à un succès dans la joie qu’il cause à un ami, c’est boire son nectar dans une coupe d’or.

Je m’occupe toujours de Pitt, mais c’est le diable que ce travail compris comme je l’ai compris et comme je veux le réaliser. En attendant, si je trouvais un éditeur, je publierais les lettres de Madame de Maintenon et de la princesse des Ursins, avec un Essai sur ces deux maîtresses-femmes en guise d’Introduction. Quid dicis, Thomas ? Je pense que cela pourrait être gentil. Qu’en dites-vous ? Merci de la correction que vous me demandez et que voici :


La fleur d’amour comme elle au soir va se r’ouvrir.


Vous savez que les vers que je fais n’ont rien de littéraire et qu’ils sont seulement la fin de toutes mes crises.