Page:Barbey d’Aurevilly - Poussières.djvu/72

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L’Esprit ― l’Aigle vengeur qui plane sur la vie ―
Revenait à ma lèvre, à son sanglant perchoir…
J’allais recommencer mes accès de folie
Et rire de nouveau du rire qui défie !…
Quand une femme, en corset noir,

Une femme… je crus que c’était une femme,
Mais depuis… ah ! j’ai vu combien je me trompais !
Et que c’était un ange, et que c’était une âme,
De rafraîchissement, de lumière et de paix !
Au milieu de nous tous, charmante solitaire,
Elle avait les yeux pleins de toutes les pitiés.
Elle prit ses gants blancs, et les mit dans mon verre,
Et me dit, en riant, de sa voix douce et claire :
« Je ne veux plus que vous buviez ! »

Et ce simple mot-là décida de ma vie,
Et fut le coup de Dieu, qui changea mon destin.
Et quand elle le dit, sûre d’être obéie,
Sa main vint chastement s’appuyer sur ma main.