Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/28

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joue une indifférence complète. Où diable en suis-je avec cette femme-là ? — je n’en sais rien et ne désire pas beaucoup le savoir mieux. — Elle est belle dans toute l’étendue de ce mot, — d’une beauté qui commence à se flétrir, mais qui a encore des jours magnifiques. Elle est spirituelle, habile, railleuse, pleine d’aristocratie avec un hein ? à la Bonaparte au bout de ses phrases, une observatrice presque, enfin c’est une femme hors du commun de toutes les manières. Eh bien, même physiquement (cette grande et presque seule manière dont nous plaisent les femmes), elle ne m’a jamais beaucoup attiré, quoique pour une raison ou pour une autre elle m’ait recherché beaucoup. — Où est le temps où nous passions trois heures tête à tête dans la même loge, n’écoutant pas un mot du spectacle ? J’aime son chez elle. il y règne une liberté charmante et de bon ton, et elle a une grâce moitié coquette, moitié militaire, à faire les honneurs de son salon, dont l'électricité ne manque jamais d’agir sur mon esprit, cette chose ennuyée et si souvent silencieuse, mais pas là ! — Elle aura ramené ses filles. L’aînée (c’est singulier, elle porte le même nom que ma belle-sœur !), cette Clarisse en cheveux noirs, plus passionnée que l’autre Clarisse, aussi fausse mais d’une autre fausseté, qui ne se mettra pas tant à genoux et qui parlera pour moins de quatre pages, devra être