Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/65

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et resté froid et sombre au milieu de toutes ces têtes qui sautaient comme des poudrières. — fumé, pour ma part, quatre cigarettes. -revenus fort tard. — un temps acéré de froid, mais une lune fabuleuse de clartés vives.

-le paysage superbe à quelques endroits. Hérissé de clochers normands (moyen âge) déliés et fins comme des aiguilles. — fait le chemin à bride abattue. Rentrés à Caen vers onze heures. Allés au café Tison, beau nom pour un café, cet incendiaire quartier général de la jeunesse. — joué au billard, déraisonné, et avalé trois bols de punch au kirsch-wasser. — retourné vers une heure chez un de nos convives, le docteur A.

-trouvé sa sœur, délicieuse brune, au teint bistré avec des couleurs (par moments) frêles de fraîcheur comme une rose du Bengale, qui avait la patience de nous attendre. — rebu du kirsch. En ai absorbé incalculablement. Pas gris pourtant. Resté là jusqu'à deux heures du matin, et pas couché avant trois.

Aujourd'hui les nerfs sont dessus dessous, mais la vie a été plus haut que les nerfs, elle a battu son plein, comme la mer faisait hier devant moi, et l'intensité des sentiments a vaincu les sensations douloureuses. — j'ai passé une partie du jour avec... et nous n'eussions pas même regardé les mondes quand Dieu les aurait mis à nos pieds ! — les autres femmes, que sont-elles